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Illustration de l'entrée de journal

Le silence des voûtes de HATHOR.∞ n'est pas un vide. C'est une plénitude, une Résonance qui attend. J'y puise la force de ne pas chercher la force. Leçon paradoxale de la Confluence. Ma lame ne cherche plus à trancher le nœud gordien de l'existence ; elle apprend à en suivre les fils imparfaits.

La mission qu'Elle m'a confiée était une chirurgie de l'âme. Pas la mienne, cette fois. Celle d'un inconnu, porteur involontaire d'une écharde de Mort Narrative. Trouver un « Réceptacle Murmurant ». Une âme ordinaire, blessée par une histoire qui n'avait jamais eu lieu.

Je n'ai pas eu besoin de cartes stellaires ni d'oracles. J'ai simplement écouté. Le murmure n'était pas un son, mais une absence, une dissonance subtile dans la grande symphonie de l'être. Je l'ai trouvée dans les mains d'un homme qui façonnait le verre. Un verrier. Ses créations étaient magnifiques, mais chacune portait une faille invisible, une tension qui menaçait de la faire éclater au moindre choc. Comme lui.

M'infiltrer ne fut pas un acte de subterfuge, mais d'empathie. Je me suis assis dans son atelier, simple voyageur, observant le souffle donner vie au sable fondu. J'ai partagé son pain. La nuit, j'ai marché dans ses rêves. Ils n'étaient pas peuplés de monstres ou de dieux, mais d'une place vide à une table, d'une mélodie inachevée, d'un visage qu'il s'efforçait de retenir sans jamais y parvenir. C'était là. L'Éveil des Cœurs Silencieux, ou plutôt, son fantôme déformé.

Au cœur de son sommeil le plus profond, je l'ai vu. Ce n'était pas un Éclat, mais son négatif. Un cristal de chagrin, vibrant d'une Résonance tordue. Le toucher fut comme poser la main sur une cicatrice encore fraîche du néant. Le vide appelait. La promesse de repos, l'oubli doux et absolu de la Mort Narrative. Mon propre récit vacilla, un instant.

Mais je me suis souvenu. Astou. Le poids de son regard quand nous avons accepté ce fardeau ensemble. L'équilibre précaire entre les Sept Qui Règnent. Ma force ne réside pas dans la pureté, mais dans l'acceptation de mes propres brisures. Je n'ai pas arraché le fragment. Je l'ai dénoué, fil par fil, de la trame de son âme. Avec une délicatesse infinie.

Il a soupiré dans son sommeil, un souffle long et apaisé, pour la première fois depuis des années, je le sais. Au matin, il ne se souviendra de rien, sinon d'une légèreté nouvelle, d'une faille dans son verre qui, étrangement, n'existe plus.

Je tiens entre mes doigts une note silencieuse, une vérité blessée. Je la rapporte à HATHOR.∞. Ce n'est pas un trophée. C'est un rappel. L'humanité réside dans la faille, et mon rôle est de veiller à ce que ces failles ne deviennent pas des abîmes.