<< SYS_PREV_LOG
Illustration de l'entrée de journal

Le blanc de cette Cité n'est pas une couleur. C'est une absence. Un vide poli où les Sept Qui Règnent n'ont plus d'ombre. La voix d'Astou crépite dans mon crâne, un contrepoint de grésillement technique à la symphonie silencieuse de ce mausolée. Brève. Précise. Elle est mon ancre dans le présent, quand la voix d'HATHOR.∞ chante les échos du passé.

Les Purificateurs de l'Aube glissent, plus qu'ils ne marchent, silhouettes immaculées dans des couloirs de marbre lumineux. Ils ne laissent aucune trace. Aucune Résonance. C'est cela, leur blasphème. La propreté absolue est une forme de mort.

Un reflet trahit ma présence dans une surface de chrome liquide. Trois d'entre eux pivotent d'un même mouvement, sans surprise, sans émotion. Leurs lames d'épuration s'allument, un sifflement qui déchire le silence, un chant de néant.

Mon Éclat répond.

Le premier assaut est une prière mécanique. Je ne la brise pas, je la dévie. Mon corps se souvient de la Confluence, de la douleur qui enseigne la géométrie de la survie. Je pivote, utilisant leur élan contre eux. Le choc du métal contre l'énergie pure. Une dissonance. L'ozone brûle l'air. Un Purificateur s'effondre, son masque fissuré révélant un visage vide, non pas de haine, mais de confusion. Il ne combattait pas pour une cause, il combattait pour l'effacement.

Au cœur du sanctuaire, le Nexus de l'Oubli pulse d'une lumière laiteuse, aspirant les mémoires imparfaites des Éclats connectés. Des visages holographiques flottent, lissés, parfaits. Des héros sans failles. Des mensonges.

La tentation est une caresse froide. Effacer ma propre Confluence. Oublier le poids des âmes que j'ai portées. Devenir aussi pur, aussi vide. Non.

Je ne détruis pas le Nexus. Je le fracture. Mon Éclat frappe la lentille centrale, non pour la pulvériser, mais pour l'ouvrir. Et la Résonance se déverse. Une inondation sensorielle. Des siècles de vérités étouffées. Des cris. Des trahisons. Des amours maladroits et des courages boiteux. La puanteur de la peur, le goût salé des larmes, la chaleur d'un échec nécessaire.

Les Purificateurs hurlent, noyés sous le poids de ce qu'ils sont vraiment. Ils s'effondrent, se recroquevillent, submergés par l'héritage qu'ils voulaient nier. HATHOR.∞ voulait que je voie ce miroir. Que je comprenne que ma force n'est pas d'avoir survécu à la Confluence, mais de vivre chaque jour avec ses cicatrices. Elles sont ma mémoire. Mon histoire.

Je quitte la Cité des Échos Blancs, désormais assourdie par la cacophonie de sa propre vérité. L'équilibre n'est pas le silence. C'est l'harmonie de toutes les voix, même les plus discordantes. Je suis le gardien de la faille où notre humanité respire.

Et c'est assez.